Le Coran et la sunna

Dans le Coran, Dieu parle à la première personne. Les mots du Coran sont les mots de Dieu. Le Coran n’est pas le récit de la vie de Mahomet, mais il est constitué d’une succession d’injonctions auxquelles l’humanité est appelée à se conformer. La sunna, la Tradition issue de la vie du Prophète, précise les injonctions données par le Coran en montrant la manière dont Mahomet les a mises en applications. Le Coran et la sunna constituent, en quelque sorte, un code juridique d’origine divine auquel les hommes doivent se soumettre.

La guerre sainte

Chaque musulman porte la responsabilité de la mise en application de ce code d’origine divine inscrit dans le Coran et la sunna. Le djihad, la guerre sainte, est cet effort demandé à chaque musulman d'augmenter l’emprise des lois divines dans sa vie et dans le monde. C’est là le sens véritable de la guerre sainte, de la guerre visant à rendre le monde saint, conforme à ce pourquoi il a été créé. Pourquoi employer le terme de « guerre » ? Parce que l’usage de la force est légitime. Il y a deux facettes dans le djihad : celle d’un combat intérieur, spirituel, visant à conformer sa vie à la Loi (le djihad majeur) ; et celle d’une guerre contre ceux qui refusent de se soumettre aux lois divines (le djihad mineur). Anne-Marie Delcambre, docteur en civilisation islamique, précise : « Il y a deux sens au mot djihâd, mais on ne peut nier que dans l'histoire de l'Islam, c'est le sens matériel et guerrier qui l'a largement emporté. »1 Dans la suite de cet article nous allons nous concentrer sur ce versant du djihad. L’autre versant (le djihad majeur) a fait l’objet d’un autre article (Cf. L’horizon musulman). On retrouve de nombreuses injonctions dans le Coran appelant les musulmans à participer activement au djihad « militaire ». Voici quelques exemples de versets coraniques : Cette guerre se fait au nom de Dieu : « Combattez-les (les infidèles), afin que Dieu les châtie par vos mains. »2 « Ce n’est pas vous qui les tuez, c’est Dieu. »3 Les musulmans qui sacrifient leur vie au nom de cette guerre seront récompensés quelque soit l’issue du combat qu’ils ont entrepris : « Que ceux (les musulmans) qui sacrifient la vie d’ici-bas à la vie future combattent dans la voie de Dieu ; qu’ils succombent ou qu’ils soient vainqueurs, nous (Dieu) leur donnerons une récompense généreuse. »4 Dans ce dernier exemple, Allah s’adresse à Mahomet et s’indigne des musulmans qui refusent de participer à cette guerre sainte : « Lorsque on leur a ordonné de combattre, la plupart d’entre eux, (…) se sont écriés : “ Seigneur, pourquoi nous ordonnes-tu la guerre ? Pourquoi ne nous laisses-tu pas parvenir au terme naturel de nos jours ? ” Réponds-leur : “ Le monde d’ici-bas n’est que de peu de valeur, la vie future est le vrai bien pour ceux qui craignent Dieu. ” »5 Amadi Redissi, professeur à l’Université de Tunis, reprend le thème de la guerre sainte dans le Coran et conclut ainsi : « Comme tous les prophètes monothéistes, Mohammed fut un prophète éthique, c’est-à-dire agissant au nom de Dieu et exigeant l’obéissance en tant que devoir éthique. (…) Toutefois, il se singularise fortement comme porteur d’une éthique de type “ politico-militaire ”. (…) Autant le dire, si “ l’idéal ” du juif est le royaume messianique sur terre, celui de l’islam est le guerrier. »6

Explications

1 DELCAMBRE Anne-Marie, L’islam des interdits, Paris, éditions Desclée De Brouwer, 2003, p. 21. 2 Coran (IX, 14 ; trad.k. IX, 14). Dans les traductions en français que nous avons du Coran, Dieu emploie le nous de majesté, et parle de lui à la troisième personne. trad. K. : signifie traduction de Kasimirski. Il s’agit de la première traduction en français du Coran. Elle date de 1840. Elle a été enrichie par la suite, et reste aujourd’hui une des traductions les plus diffusées. Il faut noter que cette traduction comporte des écarts dans la numérotation des versets avec les traductions faites ultérieurement. Afin que le lecteur puisse aisément retrouver les versets cités les deux références sont systématiquement mentionnées, la première référence étant celle des autres traductions, et la seconde celle utilisée par Kasimirski. 3 Coran (VIII, 17 ; trad.k. VIII, 17) 4 Coran (IV, 74 ; trad.k. IV,76) 5 Coran (IV, 77 ; trad.k. IV,79) 6 REDISSI Hamadi, L’exception islamique, Paris, éditions du Seuil, 2004, pp. 92-94.