Le theravada (petit véhicule)

Walpola Rahula est un moine du theravada. Il est décédé en 1997, et a laissé derrière lui une imposante bibliographie. Originaire du Sri-Lanka, il a connu une destinée internationale qui l’amena en France, en Angleterre, aux États-Unis où il enseigna dans diverses universités l’histoire comparative des religions. Walpola Rahula nous servira de guide dans notre réflexion sur le theravada.

 L’absence de révélation

Pour cette école le Bouddha est un homme « comme les autres » qui a découvert le fonctionnement intime de l’univers et le moyen d’échapper à la souffrance en s’éveillant à la Vérité. Ainsi comme l’écrit Walpola Rahula : « Le Bouddha (...) ne prétendit pas avoir été autre chose qu’un être humain pur et simple. (…) Il ne prétendit pas avoir été inspiré par un dieu ou par une puissance extérieure. Il attribua sa réalisation et tout ce qu’il acquit et accomplit, au seul effort et à la seule intelligence humaine. »4 Le bouddhisme du theravada ne doit donc son existence à aucune Révélation, mais à une recherche « humaine » sur le fonctionnement de notre univers.

L’absence de foi

L’analyse du monde que fait le Bouddha est une analyse fondée sur l’expérience et non sur la foi en un ailleurs ou en un dieu. Ce bouddhisme se veut positiviste, au même titre que peuvent l’être les sciences. Le bouddhisme du theravada est exotérique, c'est-à-dire que le Bouddha rend compte de ses découvertes par un discours tout à fait explicite, clair, accessible à la raison. Il n’est pas nécessaire d’être initié pour comprendre, il n’y a pas de paroles mystérieuses, de formules magiques. « La foi ou la croyance, telle qu’elle est comprise par les religions en général, n’a que peu de place dans le bouddhisme. »5 Voici un extrait reprenant la discussion entre deux moines, disciples du Bouddha : « Ami Savittha, sans dévotion, foi ou croyance, sans penchant ou inclination, sans ouï-dire ou tradition, sans considérer les raisons apparentes, sans me complaire dans les spéculations des opinions, je sais et je vois que la cessation du devenir est Nirvana. »6 On voit bien dans cet extrait la prétention à l’objectivité que peut revêtir le bouddhisme. On n’est pas bouddhiste parce que l’on a la foi, on n’est pas bouddhiste par tradition, on est bouddhiste parce que l’on fait en tout objectivité l’expérience de l’éveil et que l’on voit le monde tel qu’il est.

 L’absence de dogme

« Il n’y a aucun dogme qui doive être cru dans le bouddhisme »7 Il n’y a pas de dogme dans le bouddhisme. Le Bouddha appelle à différentes reprises ses disciples à mettre en doute son enseignement et à refaire eux-mêmes l’expérience de l’éveil.

L’absence de rites efficients

Lorsque l’on regarde le theravada de l’extérieur on constate qu’il possède toutes les caractéristiques d’une religion : il y a un clergé, des fidèles, des temples, des rituels… Mais si on regarde de plus prês on se rend compte que tout cela n’est considéré par les theravadins uniquement comme des aides liées à une contingence sociale. Être bouddhiste c’est suivre le chemin tracé par le Bouddha pour soi-même atteindre l’éveil. Tout le reste est optionnel, superflu. Comme le dit Walpola Rahula : « Si on désire devenir bouddhiste, il n’y a nul cérémonie à accomplir, nulle baptême à recevoir. (…) Si on comprend l’enseignement du Bouddha, si on a la conviction que cet enseignement est la voie juste et si on s’efforce de le suivre, alors on est bouddhiste. (…) Il n’y a pas de rites ou cérémonies extérieurs qu’un bouddhiste est obligé d’accomplir. (…) Bien qu’elles ne soient pas essentielles (les cérémonies), elles montrent leur valeur dans le fait qu’elles satisfont certaines émotions et besoins religieux de ceux qui sont moins avancés intellectuellement et spirituellement en les aidant graduellement le long du Sentier. » 8 Les rites du theravada n’ont qu’une fonction pédagogique. Ils n’ont en soi aucune efficacité, aucune efficience, ce ne sont, pour ainsi dire, que des mises en scène. Pour reprendre notre question initiale, même si de l’extérieur le theravada a toute les apparences d’une religion, sa prétention à n’être fondée que sur la raison et l’expérience, l’absence de foi, de dogme, l’appel à un regard critique sur les propos du fondateur, et l’absence de rituel efficient tendent à éloigner cette école bouddhiste de ce que l’on entend classiquement par religion.
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